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Focus : Dans la région de la Casamance au Sénégal, des stratégies avancées intégrées pour atteindre le dernier kilomètre

By 31 mai 2021juin 13th, 2023No Comments

EssentiELLES #4

 

Au Sénégal et au niveau communautaire en particulier, l’accès aux droits de santé sexuels et reproductifs (DSSR) demeure un défi de taille pour la population féminine. En Casamance (sud du pays), le taux de mortalité maternelle et néonatale, le taux de prévalence contraceptive ou encore le taux d’accouchement assisté par du personnel qualifié sont encore trop peu satisfaisants dans une région où encore un tiers des femmes accouche sans assistance médicale. Dans la région de Kolda en 2013, pour 100 000 naissances vivantes, 588 femmes mourraient des suites de leur grossesse ou de leur accouchement, contre 434 au niveau national. Cela s’explique en grande partie par la persistance de barrières géographiques : plus de la moitié de la population habite à plus de 5km d’une structure sanitaire, entraînant alors une faible couverture sanitaire en personnel qualifié et en infrastructures équipées. 

A travers ses Plans Nationaux de Développement Sanitaires et Sociaux successifs (PNDSS I, II, III), le gouvernement sénégalais s’est fixé comme objectifs de renforcer son système de santé et d’améliorer l’accès global des populations aux soins. Au cours des dix dernières années, cela s’est traduit  par des constructions et réhabilitations d’envergure et des efforts d’équipement des structures sanitaires de base et de référence en matériel nouveau et performant. Malgré toutes ces réalisations, le secteur de la santé reste confronté à un enjeu de taille : l’inégale répartition des infrastructures sanitaires sur le territoire national, qui est particulièrement tangible à l’échelle communautaire. A ce jour, plusieurs districts sanitaires souffrent encore d’un accès insuffisant aux paquets de services et d’un manque de personnel de santé qualifié et disponible.

L’intégration du niveau communautaire au système de santé et l’amélioration de la qualité et de l’offre des soins qui y sont fournis est un facteur essentiel de succès (Plan Stratégique National de Santé Communautaire). Pour résorber les gaps d’accès au niveau communautaire et dans les zones frontalières, une offre de services de santé a été pensée et développée avec les acteurs communautaires afin d’atteindre le « dernier kilomètre ».

Il s’agit de renforcer cette offre grâce à un personnel qualifié itinérant : on parle d’infirmier.ère.s, de sages-femmes itinérantes (SAFI), d’équipes de médecins mobiles, d’agents de santé communautaire (ASC) et de dispensateurs de soins à domicile (DSDOM). Ces prestataires de soins itinérant.e.s, volontaires ou rémunéré.e.s, sont recruté.e.s et formé.e.s pour atteindre les populations des zones les plus reculées. Il.elle.s se déplacent en moto taxi ou en charrette et interviennent dans des zones situées à plus de 5 km des infrastructures sanitaires dans le cadre de stratégies avancées intégrées (« stratégies avancées » entre 5 – 15 km et enfin « stratégies mobiles » à plus de 15 km).

Les stratégies avancées sont des activités pilotées par la Région Médicale et mises en œuvre par les postes de santé pour fournir un paquet de services mobiles pour l’ensemble des composantes de la santé primaire. Elles sont particulièrement précieuses pour la prévention et le référencement des cas, le personnel itinérant étant muni d’outils de suivi permettant de prendre en charge et de suivre les patient.e.s aux niveaux sanitaires supérieurs. Parmi elles, les stratégies avancées intégrées de Santé Sexuelle et Reproductive (SSR) et des Services à Base Communautaire (SBC) permettent d’exporter des paquets de soin clés : consultations curatives, dépistage et prise en charge de maladies infectieuses, suivi prénatal et postnatal, soins gynécologiques, etc.

Selon la stratégie ciblée, le personnel se déplace avec l’équipement médical approprié : le matériel de base (stéthoscope, tensiomètre, thermomètre, etc.) et du matériel plus spécifique, suivant le thème de la stratégie : des tests de dépistage pour les prises en charge des IST/VIH/Sida, des kits de détection des risques liés aux mutilations sexuelles féminines, du matériel de soins obstétricaux, différentes méthodes de contraception pour les stratégies de planification familiale. 

Ces stratégies prouvent leur efficacité, déplacer les services vers les populations éloignées a permis de sensibiliser des centaines de milliers de femmes aux différentes méthodes de contraception et de doubler ainsi le nombre des femmes casamançaises sous contraceptif en un an. Cependant, restent certains défis que sont notamment le renforcement du système d’information au niveau communautaire, le renforcement et l’harmonisation de la supervision et de la formation des acteur.rices de santé communautaires, ou encore l’assurance de la disponibilité des équipements et médicaments permettant la fourniture d’un paquet de services complets.