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Moment de vérité pour la solidarité internationale et la santé mondiale

La France coupe. Massivement.

L’aide publique au développement (APD) française est en chute libre : près de 2 milliards d’euros de coupes budgétaires prévues sur deux ans. Une baisse de 40 %, en pleine recrudescence des crises humanitaires et sanitaires mondiales.

Le secteur de la santé mondiale paiera un lourd tribut : plusieurs centaines de millions d’euros manqueront en 2025, pourtant promis par la France à des organisations internationales clés. Des ressources pourtant essentielles pour lutter contre les pandémies actuelles, préparer les futures, et protéger les plus vulnérables grâce à la vaccination ou pour faire face à la malnutrition.

Concrètement, cela signifie :

  • Gavi, l’Alliance du Vaccin : –83 M€
  • Fonds mondial de lutte contre le VIH, la tuberculose et le paludisme : –100 M€
  • L’Initiative : –44 M€
  • Fonds Pandémie : –5 M€
  • Initiative mondiale pour l’éradication de la poliomyélite : –10 M€

Ces coupes, combinées à l’arrêt des financements américains, pourraient avoir des conséquences dramatiques dès 2025 :

  • 1,3 million de nouvelles infections au VIH
  • 100 000 décès dus au paludisme
  • 300 000 décès causés par la tuberculose
  • 15 millions d’enfants privés de vaccins de routine
  • 14 millions d’enfants malnutris privés d’aide vitale

La France ne peut pas tourner le dos à ses engagements. Il en va de notre responsabilité politique et morale, mais aussi de notre sécurité collective. La pandémie de Covid-19 l’a rappelé : la lutte contre les menaces sanitaires doit se mener au niveau global, au risque de mettre en danger les populations du monde entier, y compris en France.

Un discours en décalage total avec les actes

Pourtant, le Président de la République, le Premier Ministre, les ministres chargés de ces enjeux, les parlementaires, le répètent : « La santé est une priorité »; « L’aide publique au développement doit reprendre une trajectoire positive. » – Déclaration de Politiques Générales de Bayrou et du ministre de l’Europe et des Affaires étrangères lors de son audition devant le Sénat

Mais les actes disent l’inverse.

En 2025, à peine 10 % de l’APD française serait consacrée à la santé, pour une priorité on a déjà vu mieux… 

Vous affirmez que la santé mondiale est une urgence.
Vous affirmez que la France doit être au rendez-vous face aux pandémies.
Mais aujourd’hui, la réponse budgétaire est en chute libre. Il est encore temps d’agir.

Alors posons les vraies questions :

  • Quelle place pour l’APD dans le PLF 2026 ?
  • Quelle place pour la santé mondiale dans ces crédits ?
  • Quels engagements pour Gavi, l’Alliance pour le vaccin ?
  • Quelle contribution au Fonds mondial de lutte contre le VIH, la tuberculose et le paludisme ?
  • Quelle place pour la France dans le multilatéralisme en santé mondiale avec des organisations comme Unitaid, l’OMS, le Fonds Pandémie, etc. ?

Les réponses à ces questions détermineront nos réactions. 

L’incohérence stratégique est totale

La France revendique un rôle de leader sur le traité pandémie, elle se veut moteur dans les instances internationales de santé. Nous la saluons pour cela. Mais si elle coupe ses contributions, si elle abandonne ses partenaires et les bénéficiaires de ces actions, alors c’est sa crédibilité qui s’effondre.

La France revendique également un rôle moteur sur les taxes de solidarité, à travers le Pacte de Paris pour les Peuples et la Planète et la Task Force sur les prélèvements solidaires mondiaux, lancée à la COP28 aux côtés du Kenya et de la Barbade. Nous saluons cette initiative, ainsi que la participation annoncée du Président de la République à la Conférence de Séville sur le financement du développement pour porter cette ambition. Mais comment comprendre que, dans le même temps, la France sape ses propres taxes de solidarité, tout en appelant ses partenaires à en instaurer ? Ce double discours mine notre crédibilité ! 

Le monde entier regarde. Et voit un pays qui se retire. Qui parle fort dans les forums, mais qui s’abstient d’agir concrètement voire qui se désengage en amputant son budget de solidarité internationale de près de 40%.

Le temps des arbitrages, c’est maintenant

Le Premier Ministre, François Bayrou, a fixé un objectif, dans sa déclaration de politique générale “une APD qui retrouve une trajectoire positive”. Puis, il a donné un calendrier et une méthode. Dans deux mois, sa copie sera rendue.

Notre demande est claire, responsable, réaliste

Nous demandons que la France tienne parole.

🟢 +1 milliard d’euros sur l’APD en 2025, pour inverser les coupes et restaurer un cap politique clair

🟢 Une mobilisation immédiate de 300 millions d’euros pour la santé, pour combler les reports et réparer les dégâts

🟢  Et surtout : une feuille de route claire et une communication transparente sur nos demandes

Ce qui est en jeu, ce n’est pas qu’un budget

Dans un moment de bascule mondiale – entre retrait américain, repli, montée des extrêmes, multiplication des risques pandémiques et effondrement des systèmes de santé – la France doit choisir :

➡ Se taire ou tenir parole.
➡ Couper ou sauver des vies.
➡ Abandonner ou agir.