Après 6 mois de présidence française du Conseil de l’Union Européenne (PFUE), Action Santé Mondiale dresse un bilan des résultats obtenus autour de la priorité donnée à la santé mondiale. Si de nombreuses initiatives ont été lancées sur le plan de la santé mondiale, la France n’a pas été jusqu’au bout de ses ambitions. En pleine période de pandémie, des étapes importantes ont été lancées mais devront se confirmer ou se poursuivre afin que ce leadership serve sur le long terme pour l’amélioration de l’accès à la santé partout dans le monde.
Plusieurs succès sont à retenir :
- Pour la première fois dans l’histoire, un nouveau format de réunion ministérielle conjointe, entre les ministres des affaires étrangères et de la santé de l’Union Européenne, a été organisé. Si cette rencontre n’a pas abouti à des actions concrètes, elle a permis aux États européens de réfléchir communément autour d’une même table sur les enjeux de santé mondiale ;
- Le processus de révision de la nouvelle stratégie de santé mondiale de l’UE a été lancé, et inclut les organisations de la société civile. Cette initiative est la bienvenue, d’autant plus que la dernière stratégie datait de 2010 et ne correspondait plus au contexte actuel post-pandémie ;
- La santé a été définie comme un des piliers du Sommet UA-UE, qui a abouti au lancement de deux Team Europe Initiatives dédiées ;
- La plan de travail de la nouvelle Autorité européenne de préparation et de réaction en cas d’urgence sanitaire (HERA) a été adopté lors de la réunion du conseil EPSCO à Grenoble sous l’impulsion de la PFUE.
Toutefois, cette présidence française n’aura pas permis de suffisamment mobiliser pour assurer un accès mondial et équitable aux outils de lutte contre le Covid-19. Au-delà des moyens financiers trop faibles pour faire face aux besoins, la position défendue par l’UE à l’OMC lors des négociations sur la dérogation aux règles de la propriété intellectuelle sur les vaccins, diagnostics et traitements anti-Covid-19 a conduit à l’adoption d’un accord qui n’apporte pas d’avancée au regard de l’équité. Il en est de même pour le transfert de technologie et le renforcement des capacités de production en Afrique, l’intention louable n’a pas permis de répondre à l’urgence de diffusion des outils de lutte contre le Covid-19.
Si la PFUE a permis de lancer des processus importants, la France se doit de poursuivre ses efforts pour que l’UE reste un acteur clé de l’accès pour tou·te·s à la santé. Cette ambition peut se concrétiser par une nouvelle stratégie européenne ambitieuse en santé mondiale. Cependant, le leadership de l’UE ne peut pas se passer du soutien des Etats-Membres pour consolider la portée de cette stratégie, affirmer son importance et assurer sa mise en œuvre. Ainsi, l’appui de la France au Conseil, notamment auprès des autres membres du Trio que sont la République Tchèque et de la Suède, sera fondamental dans les mois à venir pour que la santé demeure une priorité forte dans l’agenda politique.